Ligne de touche

Le foot est depuis plus d’un mois déjà dans sa trêve estivale, sauf en Amérique du Nord … et dans le foot amateur.

En effet, on est complètement dans la période pendant laquelle les têtes se concentrent davantage à jouer au foot qu’à regarder le foot. À l’AS Anse-St-Jean qu’au FC Liverpool.

S’il y a bien un aspect du foot qui est entré dans l’imaginaire des amateurs de ce sport ainsi que dans le vocabulaire courant, ce sont les dispositifs tactiques : 4-3-3, 4-4-2, 3-5-2. À l’ouïe de ces quelques chiffres, une sensation presque magique nous empare. À l’image du fameux meme de Drake, soit on approuve soit on réprouve. En tant qu’amateur de football et tacticien du dimanche, l’évocation d’un système de jeu ne peut nous laisser indifférent.

Dans l’histoire du football, les schémas se sont succédés. Pendant longtemps, le 4-4-2 était une valeur sûre. Équilibré et laissant peu d’espace à l’adversaire, ce dispositif a fait les beaux jours du Milan AC dans les années 90, de Manchester United dans les années 2000 et de l’Allemagne pendant la Coupe du Monde 2006.

Depuis, c’est le 4-2-3-1 qui est plébiscité par la majorité des entraîneurs. L’Allemagne de Joachim Löw championne du monde 2010, le Chelsea FC de José Mourinho et le Borussia Dortmund de Jürgen Klopp notamment.

Cette popularisation d’un système unique dans le football professionnel impacte inévitablement l’idéal chez les amateurs, jeunes comme moins jeunes. Les éducateurs espèrent le même succès que leurs collègues professionnels et les joueurs veulent occuper les mêmes postes que leurs idoles.

Ce qui fonctionne dans le sport professionnel n’est pourtant pas toujours la meilleure solution en amateur. La capacité physique, l’expérience technique et la rigueur tactique sont tout autant de différences à prendre en compte. Des caractéristiques que ne possèdent pas les joueurs amateurs.

Le 4-4-2 offre une occupation du terrain très équilibrée. Aucun joueur n’est isolé. Les passes simples et courtes sont plus faciles à trouver. Les deux attaquants peuvent combiner davantage et leur présence dans la surface de réparation augmente les occasions de but sur les centres. Les milieux de terrain ont moins de distance à parcourir lors des replis défensifs et pour venir en soutien aux défenseurs. Enfin, les défenseurs ont davantage de solutions de passes courtes lors des relances et les latéraux sont plus proches des coéquipiers devant eux afin de multiplier les appels dans le dos.

À l’inverse, avec le 4-2-3-1, les joueurs offensifs sont loin les uns des autres. Ils doivent avoir recours à beaucoup de dribbles et de passes risquées. L’avant-centre est seul dans la surface avec au moins deux défenseurs sur le dos. Les ailiers ne sont pas au rendez-vous lors des phases défensives tout en étant loin du but adverse. Le sacro-saint numéro 10 est inutile défensivement et se retrouve le plus souvent au centre d’un toro de l’équipe adverse. Les latéraux doivent remonter tout le terrain avant de pouvoir être en soutien des ailiers.

Le 4-2-3-1 offre des avantages au niveau du dynamisme et de la permutabilité des joueurs, mais nécessite des capacités au dépassement de fonction et des qualités qu’on ne retrouve qu’au très haut niveau.

Messieurs les entraîneurs, vous exigez à vos joueurs de faire des passes simples, de limiter les dribbles et de venir en soutien des coéquipiers, il s’agirait également de remettre en question vos choix tactiques pour ne pas mettre vos joueurs dans une situation désavantageuse avant même le coup d’envoi du match.